Marine Martin

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Marine Martin
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présidente de l'APESAC
Biographie
Naissance
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Nationalité
Activité
lanceuse d'alerte, auteure, patiente experte
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Marine Martin, née le à Toulouse, est une lanceuse d’alerte française. Elle est présidente de l’association d'Aide aux Parents d'Enfants souffrant du Syndrome de l'Anticonvulsivant (« APESAC »). Elle est par ailleurs patiente experte à l'ANSM et membre du collège des conseillers de la revue Prescrire.

Biographie[modifier | modifier le code]

En 2002, son fils naît avec des malformations et troubles neurocomportementaux, elle cherche à en comprendre la cause. En 2009, elle découvre le lien entre la Dépakine et les malformations/autisme, grâce au site du CRAT (Centre de Recherche des Agents Tératogènes). Elle devient alors lanceuse d’alerte[1],[2],[3],[4] du scandale de la Dépakine[5] (Valproate de sodium) médicament antiépileptique prescrit aux femmes épileptiques ou bipolaires.

En 2011, elle décide de créer l’association APESAC[6] basée à Pollestres, pour informer les victimes du danger et alerter les médias et les pouvoirs publics pour changer les conditions de prescription, imposera les pictogrammes sur les boites de médicaments et démontrera l'impact transgénérationnel du Valproate en publiant une étude chez Birth Defects Research.

Prises de positions[modifier | modifier le code]

Affaire de la Dépakine[modifier | modifier le code]

Depuis 2011, elle cherche à dénoncer le scandale de la Dépakine et en 2015, sous le gouvernement Touraine elle obtient une enquête de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales)[7],[8]qui pointe l’inertie du laboratoire Sanofi et des pouvoirs publics.

Elle attaque Sanofi en justice, avec l'aide de son avocat Charles Joseph-Oudin (spécialisé dans l'indemnisation des victimes de produits de santé, et plus largement des préjudices corporels), lors d’une procédure au civil en 2012 et au pénal en 2015[9], puis l’État en 2016 au tribunal administratif.

Son association APESAC est la première association française en matière de santé à porter plainte en Action de Groupe en 2016[10],[11],[12]. En novembre 2016, elle fait adopter un dispositif d’indemnisation spécialement dédié aux victimes de la Dépakine à l’ONIAM[13],[14],[15],[16](Office National d’Indemnisation des accidents Médicaux), comme cela avait été fait pour le Mediator.

En avril 2017, elle sort son livre Dépakine, le Scandale: je ne pouvais pas me taire[17],[18],[19], préfacé par Irène Frachon, où elle raconte son combat. Et publie au côté de Catherine Hill, des études recensant le nombre de victimes de la Dépakine grâce aux données de l'APESAC[20]. Ce livre a été primé par la revue Prescrire [21]. La même année, elle demande que des études sur les hommes traités sous Dépakine et l’impact sur leur descendance soient réalisées.

En 2018 elle manifeste avec son association APESAC devant le site de Sanofi Mourenx. L’usine rejette dans l'air du 2-bromoprobane[22] (intermédiaire servant à la synthèse de la dépakine) 190 000 fois la norme autorisée[23]. Avec son association, Marine Martin porte plainte[24] au tribunal de grande instance de Paris contre l’usine Sanofi Mourenx pour « mise en danger d'autrui » et « atteinte involontaire à l'intégrité de la personne »[25] après la plainte des associations environnementales et riveraines.

Début 2019, elle rendra publiques des données récoltées au sein de l'APESAC sur l'impact transgénérationnel de la Dépakine[26],[27],[28], c’est-à-dire que les enfants des enfants Dépakine sont susceptibles de développer des malformations ou des troubles neuro-développementaux[29]. Parallèlement, le travail qu'elle a entrepris à l'ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) mène à un rapport, publié en avril 2019, classant le danger des autres antiépileptiques chez la femme enceinte[30],[31],[32].

En février 2020, le juge d’instruction du dossier pénal met Sanofi en examen pour tromperie aggravée[33] et mise en danger de la vie d’autrui[34], à la suite de la plainte déposée par Marine Martin. En août de la même année, l’homicide involontaire est ajouté aux accusations[35], à la suite de l’ajout de quatre dossiers d’enfants décédés.

En juillet 2020, l'Etat est condamné par le Tribunal de Montreuil[36] à Paris dans 3 dossiers de victimes de la Dépakine. SANOFI et les médecins sont designés comme co-responsable.

En octobre 2020, toujours dans le cadre du dossier pénal c’est l’ANSM qui est mis en examen pour mise en danger de la vie d’autrui et homicide involontaire[37],[38].

En octobre 2021, Sanofi sera débouté par la chambre de l'instruction de Paris de leur demande d'annulation du rapport pénal.

En décembre 2021, elle publie chez Birth Defects Research un étude sur l'impact transgénérationnel du Valproate avec l'aide de scientifiques internationaux: Catherine Hill, Susan Bewley (en) professeur émérite d’obstétrique et de santé des femmes au King’s College de Londres, Alastair H. Maclennan directeur du groupe de recherche sur la paralysie cérébrale à l’université d’Adélaide et Dr Alain Braillon.

Le 5 janvier 2022 son association APESAC remporte la première action de groupe en matière de santé contre SANOFI[39], jugé responsable d’un manque de vigilance et d’information sur les risques de la Dépakine. Le tribunal judiciaire a notamment estimé, que le groupe pharmaceutique français Sanofi a produit et commercialisé un produit défectueux[40].

En mai 2022, le laboratoire SANOFI est condamné dans 4 dossiers de familles de victimes de l'APESAC au tribunal civil.

Le 4 Août 2023 l’Agence annonce via un communiqué de presse la mise en place d'une information à destination des praticiens et des patients traités par Dépakine (Valproate de Sodium). Les premiers résultats de l’étude brésilienne indiquent que chez les hommes traités par Valproate dans les trois mois qui précèdent la conception entraine augmentation du risque de troubles neuro-développementaux, comme des troubles du spectre autistique chez les enfants dont le père a été traité par valproate. L’Agence européenne du médicament (EMA) a demandé aux laboratoires des analyses complémentaires pour évaluer la robustesse de ces données. A ce jour, plus d’une dizaine de familles s’apprêtent à saisir le juge.

En Novembre 2023, une mère de deux enfants autistes dépose une plainte[41] contre X suite au scandale des rejets de l’usine Sanofi Mourenx. Marine Martin lui avait alors conseillé[42] en 2018 d’effectuer un test de dépakinémie qui s’est révélée positif[43]. La plaignante n’est ni épileptique et n’a jamais pris de dépakine mais ses enfants présentent les mêmes problèmes de santé que ceux des enfants exposés à la dépakine in-utéro[44]. Son association regroupe aujourd’hui également les victimes de Mourenx[45].

L’APESAC indique vouloir entamer les démarches pour ouvrir le fonds d’indemnisation[46] aux pères traités par dépakine et aux parents exposés par les rejets de l'usine Mourenx.

Travail institutionnel[modifier | modifier le code]

En 2014, elle obtient avec ses homologues anglaises de l'OACS (Organisation for Anti-convulsant Syndrome) la réévaluation européenne du médicament à l'EMA , elle impose la mise en place d’un protocole calqué sur celui de l'Isotrétinoïne, elle fait modifier le RCP[47] (Résumé caractéristique des produits).

En 2016, elle obtient de l’ANSM que des études soient réalisées afin de connaître le nombre exact de victimes. Trois rapports sont publiés: le premier estime à 4000[48],[49], le nombre d’enfants nés avec des malformations (publié en 2016); le second stipule, qu’entre 2007 et 2014: 14000 femmes[50] ont été enceintes sous Dépakine et que seulement 8 700 enfants sont nés vivants[51](publié en 2016). Le dernier établit que 30 000 enfants sont nés atteints de troubles neurocomportementaux en France depuis 1967[52](2018).

En 2016, elle négocie pour faire apposer des pictogrammes sur les boites de Dépakine[53], ainsi que sur tous les médicaments dits tératogènes, signalant les dangers du médicament durant la grossesse qui sort en avril 2017 par décret[54] , puis en 2018, elle l’impose au niveau européen[55],[56].

Marine Martin poursuit son combat, dans l'attente des différents jugements. La lanceuse d'alerte, devenue patiente experte à l'ANSM, « reste dans le collimateur de Sanofi […] qui tente d'annuler sa nomination »[57].

En mai 2021, Sanofi est débouté par le tribunal administratif de Montreuil, de faire révoquer Marine Martin, de son poste de patiente experte à l’ANSM[58].

Le même mois, son association APESAC et elle intègrent le Collège stratégique de la Maison des Lanceurs d’Alerte.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • Dépakine, le scandale. Je ne pouvais pas me taire, édition Robert Laffont[59], 2017
  • Enfant Dépakine[60], 2020

Articles[modifier | modifier le code]

  • Proposals for Engaging Patients and Healthcare Professionals in Risk Minimisation from an Analysis of Stakeholder Input to the EU Valproate Assessment Using the Novel Analysing Stakeholder Safety Engagement Tool (ASSET), in Drug Safety (en)[61], july 2021
  • Transgenerational adverse effects of valproate? A patient report from 90 affected families in Birth Defects Reseach[62],[63], december 2021

Ouvrages connexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Marine Martin, lanceuse d'alerte : "Je ne pouvais pas me taire" », sur europe1.fr,
  2. « Scandale sanitaire: Qui est Marine Martin, lanceuse d'alerte des victimes de la Dépakine? », sur 20minutes.fr,
  3. « Dépakine : le long combat de la lanceuse d’alerte Marine Martin », sur leparisien.fr,
  4. « Le parcours éprouvant des lanceurs d’alerte : «Parfois, je me demande pourquoi je me suis mise dans cette galère…» », sur leparisien.fr, (consulté le )
  5. Isabelle Duriez, « Marine Martin, celle qui a mené le combat des victimes de la Dépakine », sur elle.fr
  6. « Un nouveau scandale autour d'un médicament ? », sur lindependant.fr,
  7. « La Dépakine : à mères soignées, enfants handicapés », sur humanite.fr,
  8. « Enquête relative aux spécialités pharmaceutiques contenant du valproate de sodium », sur igas.gouv.fr,
  9. « Un antiépileptique dans la tourmente », sur lefigaro.fr,
  10. « Dépakine: lancement d'une action de groupe contre Sanofi », sur challenges.fr,
  11. « Scandale de la Dépakine : première action de groupe dans le domaine de la santé », sur liberation.fr,
  12. « Dépakine : Sanofi visé par la première action de groupe en matière de santé », sur lemonde.fr,
  13. « Scandale de la Dépakine : un fonds d'indemnisation pour les victimes », sur leparisien.fr,
  14. « Décret n° 2017-810 du 5 mai 2017 relatif à la prise en charge et à l'indemnisation des victimes du valproate de sodium et de ses dérivés », sur legifrance.gouv.fr,
  15. « Dépakine : l’Assemblée donne son feu vert au fonds d’indemnisation », sur lemonde.fr,
  16. « Dépakine : l'Assemblée autorise à faire payer Sanofi pour les victimes », sur marianne.net,
  17. « Dépakine : « On a laissé des femmes malades prendre le risque d’avoir des enfants malades » », sur lemonde.fr,
  18. « Scandale de la Dépakine : les années de combat d’une épileptique », sur sante.lefigaro.fr,
  19. « Dépakine, le combat d’une mère », sur lemonde.fr,
  20. Anne-Laure Barret, « Une étude inédite estime à 14.000 le nombre de victimes de la Dépakine », sur lejdd.fr,
  21. « Prix Prescrire 2017 : 4 ouvrages analysés dans la rubrique "Lu pour vous" ont été primés par la Rédaction », sur prescrire.org,
  22. Jade Lindgaard, « Des rejets toxiques à des niveaux astronomiques dans l’usine Sanofi de Lacq », sur Mediapart, (consulté le )
  23. « INFO FRANCEINFO. L'usine Sanofi qui fabrique la Dépakine à Mourenx émet des rejets toxiques bien au-delà des normes », sur Franceinfo, (consulté le )
  24. « Sanofi : les victimes de la Dépakine veulent aussi déposer plainte », sur LaRepubliqueDesPyrenees, (consulté le )
  25. « François Ruffin en Béarn pour dénoncer les rejets de Sanofi Mourenx », sur LaRepubliqueDesPyrenees, (consulté le )
  26. Mélanie Maziere, « Dépakine : les petits-enfants aussi ? », sur lequotidiendupharmacien.fr,
  27. Rozenn Le Saint, « Les petits-enfants Dépakine: une nouvelle génération de victimes du médicament? », sur mediapart.fr,
  28. Rozenn Le Saint, « Les petits-enfants Dépakine: une nouvelle génération de victimes du médicament? », sur apesasc.org,
  29. « Le scandale de la Dépakine, Valproate, affecte aussi la 2eme génération » (consulté le )
  30. Elsa Mari, « Dépakine : le long combat de la lanceuse d’alerte Marine Martin », sur leparisien.fr,
  31. « Malformations : après la Dépakine, le risque d’autres antiépileptiques », sur lemonde.fr,
  32. ANSM, « Antiépileptiques au cours de la grossesse : Etat actuel des connaissances sur le risque de malformations et de troubles neuro-développementaux », sur apesac.org
  33. (en) « Sanofi investigated over epilepsy drug linked to birth defects », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  34. « Dépakine : le laboratoire Sanofi annonce sa mise en examen pour "tromperie aggravée" et "blessures involontaires" », sur francetvinfo.fr,
  35. Henri Seckel, « Dépakine : Sanofi mis en examen pour homicides involontaires », sur lemonde.fr,
  36. « Depakine: le tribunal condamne l’Etat à indemniser les victimes, en fonction de la date de naissance de leurs enfants. », sur montreuil.tribunal-administratif.fr (consulté le )
  37. « Affaire de la Dépakine: pourquoi l'agence nationale du médicament a-t-elle été mise en examen? », sur rmc.bfmtv.com,
  38. AFP, « Scandale de la Dépakine : l’Agence du médicament mise en examen pour « homicides involontaires » », sur lemonde.fr,
  39. (en) Tangi Salaün, « French court backs class action against Sanofi over Depakine drug », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  40. « Dépakine : Sanofi jugé responsable d’un manque de vigilance et d’information sur les risques », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  41. « Autour de l’usine Sanofi qui produit la Depakine, des familles brisent le silence sur les maladies de leurs enfants », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  42. « Dépakine. Une mère de deux enfants autistes porte plainte contre Sanofi et met en cause les rejets de l'usine », sur France 3 Nouvelle-Aquitaine, (consulté le )
  43. « Rejets toxiques de l'usine Sanofi à Mourenx : une riveraine dépose plainte », sur Le Figaro, (consulté le )
  44. « Dépakine : une plainte déposée par une riveraine de l’usine Sanofi qui produit le médicament à Mourenx - France Bleu », sur ici, par France Bleu et France 3, (consulté le )
  45. Mathias Kern, « Scandale de la Dépakine : "Il pourrait y avoir d'autres plaintes contre Sanofi à Mourenx" », sur France Bleu, (consulté le )
  46. « Santé : l’association des victimes de la Dépakine gonfle ses rangs après la plainte d’une Béarnaise », sur LaRepubliqueDesPyrenees, (consulté le )
  47. « "Victoire" contre un antiépileptique », sur midilibre.fr,
  48. « Call for audit of pregnant women who took anti-epilepsy drug », sur irishtimes.com,
  49. « Etude Dépakine », sur franceinter.fr,
  50. (en) « Over 14,000 women took Sanofi epilepsy drug despite fetus risk: ministry », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  51. « Rapport étude VPA », sur apesac.org,
  52. « Une étude confirme l’ampleur des dégâts causés par la Dépakine », sur lemonde.fr,
  53. « Marine Martin, figure de proue des victimes de la Dépakine », sur lexpress;fr,
  54. Véronique Julia, « Des pictogrammes sur les médicaments pour alerter les femmes enceintes », sur legifrance.gouv.fr,
  55. « Intervention Marine Martin EMA valporate », sur youtube.com,
  56. « New measures to avoid valproate exposure in pregnancy endorsed », sur ema.europa.eu,
  57. Baudouin Eschapasse, « Dépakine : une lanceuse d'alerte dans le collimateur de Sanofi », sur lepoint.fr,
  58. Rémi Dupré, « Scandale de la Dépakine : la justice déboute le groupe pharmaceutique Sanofi », sur lemonde.fr,
  59. « Dépakine, le scandale. Je ne pouvais pas me taire », sur lisez.com,
  60. « Enfants Dépakine », sur apesac.org,
  61. « Proposals for Engaging Patients and Healthcare Professionals in Risk Minimisation from an Analysis of Stakeholder Input to the EU Valproate Assessment Using the Novel Analysing Stakeholder Safety Engagement Tool (ASSET) », sur link.springer.com,
  62. (en) Marine Martin, Catherine Hill, Susan Bewley et Alastair H. MacLennan, « Transgenerational adverse effects of valproate? A patient report from 90 affected families », Birth Defects Research (ISSN 2472-1727, DOI 10.1002/bdr2.1967, consulté le )
  63. « La Dépakine pourrait avoir des effets toxiques sur plusieurs générations », sur www.20minutes.fr (consulté le )
  64. http://www.sudarenes.com/

Liens externes[modifier | modifier le code]