10 Contre les référendums et la « démocratie » référendaire

Le référendum, négation de la démocratie représentative et des corps intermédiaires
Il porte en lui la démocratie référendaire chère à l’extrême droite et aux populistes de tous bords. C’est le slogan populiste fasciste « Vos idées sont les nôtres ! » où le politique, pour le pouvoir, renonce à ses convictions.
Lorsqu’il n’y a plus Dieu, le droit divin et le roi, les dictateurs et les régimes autoritaires cherchent une légitimité dans un « peuple » qu’ils inventent et dont ils font leur chose. Il s’agit de faire croire aux citoyens qu’ils se fondent dans un « peuple » qui existe dans un seul corps, une majorité, une nation, un Etat, une politique, un homme, un chef, un duce, un président tirant sa légitimité du suffrage universel, etc. Un homme au-dessus de tout, des partis, des corps intermédiaires, des chambres. Un homme en lien direct et qui parle au nom du peuple pour finalement se substituer à lui, l’incarner, le bâillonner et l’étouffer. C’est le populisme et, dans les pires cas, le fascisme ou le social-fascisme.
Le référendum, comme l’élection monarchiste française, est d’essence droitière. C’est avec cette arme du référendum que Napoléon enterre définitivement la Révolution et établit son Empire et que le futur Napoléon III écrase la deuxième République.
Le bonapartisme, le gaullisme, l’extrême droite et l’extrême gauche sont partisans des référendums et la gauche et les écologistes n’y sont hélas pas opposés. Les Gilets Jaunes ne jurent même que par cela. Pour la famille néofasciste des Le Pen, on gouverne à coup de référendums car on cultive par essence l’antiparlementarisme et on souhaite mettre à bas la République. Pour cette clique, du bonapartisme au duce, le chef est au-dessus des partis et en appelle directement au « peuple » pour écraser la démocratie. Ce sont les pleins pouvoirs qui sont ainsi demandés au passage et qui deviennent la règle avec la satanique élection du duce, pardon du président de la République, au suffrage universel, le plaçant au dessus de la légitimité parlementaire.
Extrême gauche, gauche et écologistes y vont aussi avec la proposition de Référendums d’initiative citoyenne, vieux serpent de mer, révélateur d’un déficit démocratique et terreau du référendisme.

Le référendum c’est la tentative de la droite et de l’extrême droite de saboter, par la droite, l’Union européenne au seul bénéfice du nationalisme. C’était, hier encore, l’aéroport dément conforté en Bretagne, c’est en Suisse le rejet du Revenu de base, en Islande la nouvelle constitution écrite par une assemblée populaire rejetée... Quels dégâts...

Le holdup des « non » sur le référendum de 2005
La crise de représentation est totale, le régime et sa représentation sont illégitimes. Ainsi en 2005, une majorité va voter « Non » quand la totalité des partis démocratiques parlementaires appellent à voter oui. Le fétichisme abject du référendum de 2005, soi-disant exemple de démocratie, dont se réclame l’extrême gauche a été « gagné » avec un apport considérable des voix de l’extrême droite populiste nationaliste néo fasciste du F Haine, sans compter les gaullistes canal historique, Dupont-Aignan, Boutin et autres notables droitiers, et les inénarrables communistes du « fabriquons français », eux qui avaient tant travaillé pour l’Est... Se réclamer d’une telle majorité est une honte. D’autant que des fédéralistes authentiques, dont je suis, ont aussi votés « Non » parce que le projet fédéral ne se donnait pas les moyens d’aboutir dans le projet constitutionnel proposé.
Depuis nous assistons à la récupération de ce « Non » par un front uni incluant les voix du F Haine devenu R Haine !
En réalité le « Oui » démocrate à été largement majoritaire par rapport au « Non » démocrate en 2005, voilà la réalité. Ceux qui se flattent d’un « Non » majoritaire sont des alliés du F Haine, adepte du front uni avec lui, honte à eux.
En outre seuls deux pays ont voté contre quand tous les autres ont voté pour ! Où est la majorité ?

C’est encore avec l’arme du référendum que la droite française bonaparto-gaulliste légitime son coup d’État en 1958, puis assassine la République en 1962 en introduisant l’élection du président au suffrage universel. Le référendum appartient à la culture de droite. Le dictateur tente d’établir un lien direct entre l’invention qu’est le « peuple » et lui, en passant par dessus les partis et les corps intermédiaires dont les contre-pouvoirs. Le fait que je donne toujours raison au peuple est la preuve que j’ai toujours raison puisque je suis le peuple, du verbe suivre et du verbe être, incarner.

Le référendum est le moment de la plus grande manipulation sur la question posée, sur qui la pose, sur à qui l’on s’adresse et à quel moment. Art de répondre par oui ou par non à une autre question que la question elle-même généralement mal posée. Avec le plus souvent autant d’arguments pour le oui que pour le non qui mériteraient une délibération sereine et une réponse non manichéenne pouvant être amendée.
Référendum piège à citoyens, plébiscite à disposition des puissants. Question le plus souvent manichéenne. Le peuple doit dire oui ou non et pas un mot de plus, puis se taire. Processus « Canada dry » de la démocratie. La manipulation des appareils d’État, médias, gouvernements, argent, machines à abrutir se met en marche. La population, dite « peuple », en sort divisée en deux camps hostiles. Un référendum peut être l’instrument idéal du populisme voire du fascisme. La conséquence d’un référendum est donc généralement une carte blanche pour le pouvoir renforcé devant un peuple divisé.
Le oui plébiscite souvent celui qui a posé la question et peut en faire un dictateur.
Souvent plébiscite de pure manipulation de pouvoirs qui cherchent à se revigorer.
Parfois la question est évincée : à la question « Voulez-vous réformer le Sénat, sous-entendu : et sinon je m’en vais ? », on répond « Non car on est plutôt d’accord pour qu’en effet tu te retires ». Le non peut aussi ne pas répondre à la question mais viser à se débarrasser du questionneur, exemple de de Gaulle en 1969. Ce peut être heureux mais c’est vicieux.
Si les citoyens étaient vraiment représentés par une Chambre paritaire et largement proportionnelle sans cumul des mandats, et par une deuxième chambre tirée au sort, nous pourrions avoir un avis plus avisé et plus fin qu’un oui ou qu’un non, et un accord exprimé avec l’avis des citoyens réellement représentés et consultés.
Scrutin proportionnaliste intégral et pratique référendaire associés à un régime fort, comme c’est au goût du jour, constituent une voie ouverte au fascisme.

Démocratie vivante et apaisée d’un coté et démocratie référendaire de l’autre, s’opposent et s’excluent. Les républicains et démocrates, les Esprits Libres ont tôt fait leur choix.