Marie d'Abbadie d'Arrast

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Marie d'Abbadie d'Arrast
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Marie Augustine Émilie Henriette Coulomb
Nationalité
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Marie-Augustine-Émilie-Henriette Coulomb, dite Marie d'Abbadie d'Arrast, née à Paris le [1] et morte le à Paris[2] est une femme de lettres, visiteuse de prison, militante des Droits humains et féministe française.

Biographie[modifier | modifier le code]

Marie, orpheline de père et mère dès l'âge de dix ans, vit une enfance sombre et solitaire. Elle est avide de s'instruire et étonne ses professeurs avec son intelligence. Son instruction religieuse est faite au temple protestant de l'Oratoire du Louvre.

Très indépendante, Marie repousse les propositions de mariage arrangées par ses sœurs, puis elle rencontre Charles d'Abbadie d'Arrast, de seize ans son aîné, qui lui plaît et qu'elle épouse le . Charles d'Abbadie (1821-1901) est rentier, conseiller général des Basses-Pyrénées (1861-1870) et frère cadet d'Antoine d'Abbadie d'Arrast et Arnauld Michel d'Abbadie d'Arrast. Le mariage de Charles et Marie provoque une brouille qui dure jusqu'à la mort, avec son frère Antoine. Ce dernier, fervent catholique « irlandais », refuse que son frère épouse une protestante ; il n'admettra jamais leurs enfants dans la famille. (Le même brouille, pour la même raison, se reproduit avec leur frère Arnauld, qui épouse une protestante anglaise en 1864. Le jeune ménage s'installe au château d'Etchaux à Saint-Étienne-de-Baïgorry, que Charles a acheté en 1850.

De cette union naissent cinq enfants[3].

  • Sophie Caroline Elisa (1859-1902) ;
  • Arnauld Michel (1860-1918), dont le fils Harry d'Abbadie d'Arrast devient cinéaste à Hollywood ;
  • Henriette Maider (1861-1941) ;
  • Mayten Charlotte Jeanne (1865-1865) ;
  • Jehan Augustin (1865-1865).

En 1871, pour l'éducation des enfants, la famille retrouve Paris. Ils retournent occasionnellement à Saint-Étienne-de-Baïgory pour des vacances.

Charles meurt le et est inhumé dans le caveau des Abbadie au cimetière du Père-Lachaise.

Marie meurt le à Paris[4].

Philanthropie sociale[modifier | modifier le code]

L'éthique protestante et sa situation sociale aisée amènent Marie d'Abbadie d'Arrast naturellement vers la philanthropie sociale. D'abord au Pays basque pendant les douze premières années de son mariage, puis, à partir de 1871, à Paris. Progressivement, son activité sur le terrain se transforme vers une activité dans des groupes de pression, avec l'objet de changer des lois et à partir d'environ 1889 elle est très active dans plusieurs associations patronales.

Au Pays basque[modifier | modifier le code]

La vie au château d'Etchaux est organisé avec régularité. Charles fait restaurer la demeure et embellit le parc. Il est aussi conseilleur général et tâche d'améliorer la vie des paysans. Marie visite les malades et les pauvres. Elle consacre des années à transformer un îlot de taudis, que les villageois appellent « le quartier des lépreux » en logements propres. Elle est très intéressée par le Pays basque et recueille les récits de la vie des habitants, les coutumes et traditions. En particulier, tout qui concerne les femmes basques[Note 1]. Ses observations sont publiées dans le livre : Causeries sur le pays basque : la femme et l'enfant, Paris, F.-R. de Rudeval, , 272 p. (lire en ligne sur Gallica).

À Paris[modifier | modifier le code]

À la suite de la Commune en 1871, il y a des faubourgs populaires ou l'on meurt de faim. Ce que Élise de Pressensé a fait au quartier de Vaugirard, Marie d'Abbadie d'Arrast le réalise au quartier de la Glacière. Elle distribue des légumes, des étoffes et organise des ateliers de couture où les femmes confectionnent des vêtements pour leurs familles.

Dans ce quartier se trouve le prison de Saint-Lazare, dédiée essentiellement à l'enfermement des prostituées, souvent avec leurs enfants. Marie d'Abbadie d'Arrast devient une membre très active de l'« Association des femmes protestantes visiteuses de prison ». Les activités de cette association sont décrites dans son livre Cinquante années de visites à Saint-Lazare, Paris, Fischbacher, , 376 p. (lire en ligne sur Gallica).

Les détenues sont relativement en sécurité, mais à leur libération de grandes difficultés les assaillent ; personne ne les aide. L'association « Le Patronage des détenues, des libérées et des pupilles de l'administration pénitentiaire » est fondée par Marguerite de Witt-Schlumberger (présidente) et Marie d'Abbadie d'Arrast (secrétaire générale). Un asile reçoit les femmes dans un atmosphère d'empathie et de bonté, sans jamais les repousser.

Patronages[modifier | modifier le code]

À force de réfléchir sur les causes des conditions de misère et de la prostitution de ces femmes, Marie estime qu'elles sont en grande partie dues aux salaires insuffisants. Pour agir au niveau national, elle adhère au Congrès international des œuvres féminines en 1889, ainsi qu'au Conseil national des femmes françaises, dans la troisième section de Paris[6] dont elle est présidente de la section Législation[7].

Marie d'Abbadie d'Arrast est aussi franc-maçonne et membre de la première loge mixte, l'ordre maçonnique mixte international « le Droit humain »[8].

Parmi les autres association dans lesquelles elle œuvre il y a :

  • La « Ligue contre la mortalité infantile »[8],[9] ;
  • La « Ligue contre le crime d'avortement » et est bientôt rejointe par Marguerite de Witt-Schlumberger. Elle cherche ainsi à s'opposer aux malthusiens et critique l'inaction du gouvernement malgré l'engagement du garde des sceaux. Le programme affiché de cette ligue est de « ramener la femme à sa fonction maternelle » et « protéger la vie de l'enfant ». L'association disparaît à la mort de Marie d'Abbadie d'Arrast[8].

Sélection d'écrits divers[modifier | modifier le code]

  • Cinquante années de visites à Saint-Lazare, Paris, Fischbacher, , 376 p. (lire en ligne sur Gallica).
  • Marie d'Abbadie d'Arrast, Le Sailors rest à Bayonne, Dole, .
  • Marie d'Abbadie d'Arrast écrit régulièrement dans la presse parisienne, dont le journal « La Femme » :
« Articles de Marie d'Abbadie publiés dans La Femme », sur Gallica
  • « Rôle des femmes au point de vue de l'administration », dans Congrès International du Patronage des Libérées, Paris, Union des sociétés de patronage de France, (lire en ligne), pages 198-218.
  • Jacques Bonzon (préf. Marie d'Abbadie d'Arrast), La Recherche de la paternité, Vals-les-Bains, E. Aberlen, , 46 p. (lire en ligne sur Gallica).
  • Marie d'Abbadie d'Arrast, « La propagande anti-conceptionnelle », Bulletin mensuel de la Société française de prophylaxie sanitaire et morale,‎ , p. 1-22 (lire en ligne sur Gallica).
  • (fr + en + de) International Council of Women (préf. Marie d'Abbadie d'Arrast), Position des femmes dans les lois des nations : recueil des lois dans des différents pays, Karlsruhe, G. Braunsche Hofbuchdruckerei und Verlag, , 192 p. (présentation en ligne), une étude de législation comparée sur la situation légale de la femme et de l'enfant.
  • « Tutelle des enfants naturels », dans Congrès international pour la protection de l'enfance : Bruxelles 23-26 juillet 1913, Bruxelles, Moniteur belge, (présentation en ligne)[10].


Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les femmes au pays basque occupent une place appart et sont vénérées (voir « Deux femmes improvisatrices », sur www.bilketa.eus (consulté le )). Le droit d'ainesse est étendu aux filles : lorsqu'une d'elle est l'aînée, elle devient seule maîtresse du domaine familial.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Archives en ligne de Paris, État civil reconstitué (XVIe-1859), cote V3E/N 560, vue 5/51
  2. « Acte de décès no 1213 (vue 13/31) de Marie-Augustine-Émilie-Henriette Coulomb du registre des décès de l'année 1913 du 7e arrondissement de Paris », sur Archives de Paris, (consulté le ) - Note. Dans l'acte de décès on mentionne qu'elle est née à Paris le 29 octobre 1837.
  3. « Charles d'Abbadie d'Arrast », sur Geneanet.
  4. Louis Bertrand, « Madame Marie d'Abbadie d'Arrast », Le Protestant Béarnais,‎ , p. 123-124 (lire en ligne sur Gallica).
  5. « Figures et portraits de femmes - Mme d'Abbadie d'Arrast 1837-1913 », Le mouvement féministe : organe officiel des publications de l'Alliance nationale des sociétés féminines suisses,‎ (lire en ligne) ;
    « Figures et portraits de femmes - Mme d'Abbadie d'Arrast 1837-1913 (suite et fin) », Le mouvement féministe : organe officiel des publications de l'Alliance nationale des sociétés féminines suisses,‎ (lire en ligne).
  6. Marie d'Abbadie d'Arrast, « Correspondance de Mme Marie d'Abbadie d'Arrast avec Hérelle », sur gordailu.bilketa.eus, (consulté le )
  7. Marcel Bernos, Femmes Familles Filiations : Société et histoire, Presses universitaires de Provence, , 304 p. (ISBN 9782821885509, présentation en ligne), pages 63-65.
  8. a b et c Fabrice Cahen, Gouverner les mœurs : La lutte contre l'avortement en France, 1890-1950, INED, , 416 p. (ISBN 9782733210628, présentation en ligne), pages 124-125.
  9. Catherine Rollet, « Ligue contre la mortalité infantile et Alliance pour l’accroissement de la population française : deux familles de pensée et d’actions ? », Revue d'histoire de la protection sociale 2017/1 (N° 10), pages 161 à 177, vol. 1, no 10,‎ , p. 161-177 (lire en ligne).
  10. Catherine Rollet, « La santé et la protection de l'enfant vues à travers les congrès internationaux (1880-1920) », Annales de démographie historique, no 1,‎ , p. 97-116 (lire en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Geneviève Poujol, Un féminisme sous tutelle. Les protestantes françaises 1810-1960, , p. 187

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]