À Rome, l’époque où les négociations entre le Saint-Siège et la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX) occupaient régulièrement le devant de la scène, semble lointaine. Tandis que la FSSPX admet qu’elles sont au point mort, on parle plus volontiers, côté romain, de « statu quo ». En témoigne le silence qui entoure aujourd’hui cette question.

Depuis 1988 et la création par Jean-Paul II d’une commission « Ecclesia Dei », destinée à être un bureau en charge des liens avec les instituts traditionalistes refusant de suivre Mgr Lefebvre lors de l’excommunication et un bureau de liaison avec les lefebvristes, la ligne entre Rome et Écône n’a jamais vraiment été fermée, même si elle fut parfois brouillée.

La doctrine, point d’achoppement

Lorsqu’en 2007, Benoît XVI publie son motu proprio Summorum pontificum sur l’usage de la Liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970, les lefebvristes saluent le franchissement d’un « premier préalable » à l’approfondissement du dialogue. Avant de saluer, un an plus tard, l’accomplissement d’un « deuxième préalable » lorsque le Saint-Siège lève les excommunications frappant les quatre évêques de la Fraternité illégalement ordonnés par Mgr Lefebvre.

À Rome comme à Écône, beaucoup croient alors à la possibilité d’une détente, et d’un accord entre les deux parties. Et si en 2009, la commission Ecclesia Dei est rattachée à la Congrégation pour la doctrine de la foi, comme le souhaitent les lefebvristes, ces derniers ont toujours refusé de signer un texte doctrinal, préambule, aux yeux de Rome, pour l’approfondissement de toute négociation.

Car au-delà des questions de liturgie, c’est bien la doctrine et la reconnaissance de la légitimité du concile Vatican II qui constitue un blocage. Au cours des « entretiens doctrinaux » qui portent sur les divergences doctrinales entre la FSSPX et l’Église catholique, de 2008 à 2012, les lefebvristes refusent de signer tout « préambule doctrinal », indispensable aux yeux de Rome avant tout accord.

Le bureau « Ecclesia Dei », supprimé en octobre

Cette période de crispation se poursuit avec l’élection du pape François et l’annonce de la future canonisation des « papes du concile », Jean XXIII et Paul VI. Pourtant, en 2016, à l’occasion de l’Année de la Miséricorde, le pape argentin tend la main à la FSSPX. Il reconnaît ainsi que les prêtres ont le droit, aux yeux de l’Église, d’absoudre les péchés des fidèles lors de confessions, ainsi que de les marier. Depuis, rien n’a bougé. Et il n’est plus question, à Rome, de la création d’un statut spécial pour la Fraternité, sous la forme d’une prélature personnelle.

Car parallèlement, la commission Ecclesia Dei a perdu de son ampleur. Jusqu’à être réduite en 2019 à un bureau au sein de la congrégation pour la doctrine de la foi. D’après plusieurs sources consultées par La Croix, ce bureau serait sur le point de disparaître dans le courant du mois d’octobre. C’est le signe, relève un observateur attentif, que « les différentes familles traditionalistes (déjà en communion avec Rome) relèvent de plus en plus des divers dicastères de la Curie ». Et que les négociations avec la Fraternité n’avancent plus.