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EDF s’effondre en Bourse sur fond de négociations difficiles à Bruxelles

Le groupe français est engagé dans un vaste chantier de réorganisation, contesté par les syndicats de l’entreprise.

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Publié le 25 janvier 2021 à 21h06, modifié le 25 janvier 2021 à 21h49

Temps de Lecture 3 min.

Devant la centrale EDF de Bouchain (Nord), le 7 juillet.

EDF est le plus grand exploitant nucléaire en Europe et l’un des principaux producteurs d’électricité au monde, mais quelques lignes ont suffi à faire déraper sa valeur en Bourse, lundi 25 janvier. Dans un article publié sur le site de BFM Business, lundi matin, la chaîne affirme que les négociations entre Paris et Bruxelles sur l’un des points-clés de la réforme du nucléaire français sont en train d’échouer. En quelques minutes, l’action du groupe s’écroule et perd jusqu’à 18 % dans l’après-midi pour clôturer à − 15 %. Une journée de dégringolade arrêtée in extremis par une intervention de Bercy, qui a tout fait pour démentir l’échec des négociations.

Pour comprendre cette journée noire pour l’électricien, il faut revenir au sujet même des négociations. Depuis des mois, la France plaide auprès de la Commission européenne pour une réforme du dispositif complexe qui oblige EDF à revendre une partie de sa production à ses concurrents. Mis en place en 2011, ce mécanisme appelé « accès régulé à l’électricité nucléaire historique » (Arenh) contraint l’énergéticien à revendre à prix fixe un quart de sa production nucléaire – ce tarif est fixé à 42 euros par mégawattheure.

L’exécutif et la direction du groupe estiment que ce dispositif, qui a pour but de favoriser la concurrence, est trop défavorable à EDF – et met en danger une entreprise détenue à 83 % par l’Etat. Contre un dispositif et un prix plus favorables, le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, a mis sur pied un projet appelé « Hercule » qui réorganise fortement le groupe, en créant plusieurs entités. L’objectif : convaincre la Commission européenne que l’énergéticien est prêt à jouer le jeu de la concurrence en échange de conditions de marché plus soutenables.

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Depuis des semaines, plusieurs analystes financiers ont tablé sur une réussite de ces négociations, avec l’idée qu’un accord pourrait être trouvé autour de 48 euros par mégawattheure. L’action a donc augmenté de manière continue depuis le début de l’année, intégrant déjà cette perspective dans le prix. Mais, depuis plusieurs jours, les négociations semblent ne pas avancer aussi vite qu’espéré par le gouvernement français.

« Les négociations ne sont pas faciles »

La publication de l’article de BFM Business a fait plonger le cours de l’action parce qu’elle vient décevoir les attentes de certains investisseurs persuadés qu’un accord à Bruxelles ferait monter la valeur d’EDF. BFM évoquait notamment un délai supplémentaire pour les négociations. « Cet article semble toutefois suffisamment bien informé pour nous amener à envisager que cela pourrait être le cas et qu’une impasse pourrait avoir été atteinte, aussi surprenant que cela puisse paraître », lit-on ainsi dans une note de la banque JP Morgan, rapportée par l’agence Reuters.

Pour tenter de freiner cette dégringolade, le ministère de l’économie s’est empressé de démentir ces informations : « Il n’a pas été demandé, en aucune façon, un délai supplémentaire » pour mener à bien cette négociation, assure-t-on à Bercy, contrairement aux informations de BFM. « Les négociations ne sont pas faciles, c’est vrai, mais elles se poursuivent, assure une autre source gouvernementale. Ce sont simplement des rumeurs de marché, mais c’est vrai qu’elles démontrent la fragilité d’EDF. »

Le PDG du groupe français et le gouvernement ont fait de la réforme de la rémunération du nucléaire – et du plan « Hercule » qui est présenté comme sa contrepartie – l’alpha et l’oméga de l’avenir du groupe. Cette perspective est dénoncée par les syndicats de l’entreprise, qui rejettent eux aussi le dispositif Arenh, mais s’opposent à « Hercule », qu’ils accusent d’être un « démantèlement » du champion français de l’électricité.

Ils ont été rejoints ces derniers jours par plusieurs députés et sénateurs de l’opposition de gauche et de droite, qui ont interpellé le gouvernement en séance sur le sujet. La Fédération nationale des collectivités concédantes et régies, qui regroupe de très nombreuses collectivités locales, a également fait part de sa vive opposition au projet. Le gouvernement maintient qu’il ne donnera son accord à Bruxelles pour enclencher les grandes manœuvres que si l’intégrité du groupe est maintenue. Mais le temps presse : si aucun accord n’est trouvé dans les prochaines semaines, l’exécutif aura le plus grand mal à lancer cette réforme avant la présidentielle.

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