Tribune. La crise du Covid a laissé bien des traces dans notre société : crispations sociales, tensions politiques, fractures territoriales, doutes sur la perspective d’un avenir partagé. Les divisions sont nombreuses et le défi de cohésion du pays est immense en 2021.
Bien avant l’irruption du Covid, une ligne de fracture semble s’être immiscée dans la société : celle de l’affrontement entre jeunes et anciens.
Partage des richesses, financement des retraites, attention portée à l’environnement, bénéfices du marché de l’immobilier, et récemment restrictions autour du Covid, sont des conflits caractérisés grossièrement par une opposition entre ces deux franges de la population. Jamais une ligne de partage générationnelle ne semble avoir été reproduite aussi régulièrement sur des sujets aussi différents les uns des autres.
Réalité déformée
Accusés de tous les maux, les plus anciens seraient des baby-boomeurs avides de consommation, peu soucieux de l’environnement, intéressés principalement par le capital de leur retraite et l’unique préservation de leur santé.
Les générations Y et Z, celles nées après les années 1980, seraient des égoïstes sans aucune empathie pour leurs aînés, zappeurs sans valeurs ni repères, parés trop rapidement et à tort de toutes les qualités sans en avoir vraiment.
Un peu de lucidité nous oblige à regarder ces situations avec recul et à constater que la défiance grossit et déforme la réalité.
Alors que notre pays semble être sur la voie de la reprise économique et d’un retour à une vie sociale de plus en plus normale, il n’est pas possible de laisser des plaies béantes au sein d’une nation. Moins visible que des conflits sociaux comme les « gilets jaunes » ou des manifestations politiques traditionnelles, cette ligne de front est pour autant extrêmement pernicieuse sur le long terme, en particulier dans une société comme la France où le contrat social repose sur une solidarité entre générations.
Indécence et gâchis
Pour accompagner aujourd’hui la relance et refaire société, il semble indispensable de recréer un lien intergénérationnel. Dans un esprit de concorde, il est important que les Français se refassent confiance et réapprennent à vivre ensemble, à travers des générations solidaires.
Quoi de plus fort et naturel que d’aider son aîné et d’accompagner en retour les plus jeunes. Cet esprit de transmission, profondément ancré dans certaines sociétés plus anciennes, semble avoir perdu vigueur au cours du siècle dernier.
Il serait indécent de laisser une partie de la population recluse en raison de son âge.
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