En 2005, Alexio a 12 ans. Passionné de sapeurs-pompiers, il poste sur Skyblog des photos de son dernier stage dans une caserne. Un certain « Lolo » a repéré les images. Il prend contact avec lui par l’intermédiaire du site. Il « like » les photos, et lui propose de poursuivre la conversation sur la messagerie MSN. Ce qui permet de discuter en se voyant en direct par le biais des caméras d’ordinateur.
A cette époque, Laurent Moussière, né en 1965, est âgé de 40 ans. Rapidement, il propose un cadeau au jeune interlocuteur. Un casque de pompier, un vrai. Il demande l’adresse et envoie le colis par la poste. Les échanges s’intensifient, parlent de sexe. L’adulte demande des faveurs, en échange d’un nouveau cadeau. Cette fois une panoplie complète de pompier, en cuir. Contre des exhibitions, des masturbations, devant la caméra. L’enfant s’exécute. Recommence le lendemain, dans sa solitude familiale. Pas de père, une mère alcoolique sans connaissance technologique. L’enfant est livré à lui-même, sans contrôle parental.
Les scènes se répètent. Chaque soir, deux heures devant l’ordinateur. Durant quatre ans. « J’avais un manque paternel. J’en avais besoin. Je n’avais pas conscience de la gravité des choses. Je me sentais en sécurité, je me sentais aimé », explique doucement Alexio, lundi 13 mars, à la barre du tribunal correctionnel de Lyon.
Laurent Moussière, aujourd’hui âgé de 57 ans, est poursuivi pour « corruption de mineurs par réseau de communication électronique ». Cet ancien assistant opérateur du SAMU est jugé pour avoir piégé, sur Internet, sept enfants âgés de 12 à 15 ans, entre 2005 et 2013. Equipé de trois ordinateurs à son domicile de Chassieu (métropole de Lyon), d’une tablette et d’un téléphone portable, il a visité sans relâche des blogs ou des sites de rencontre, comme Za-gay, puis convaincu des mineurs de s’exhiber devant leur ordinateur.
Des dizaines de victimes
« Je reconnais avoir eu une attitude complètement déplacée. Je n’aurais pas dû céder à cette tentation », dit-il aux juges avec une nonchalance déconcertante. La formule suppose que les enfants seraient à l’origine des déviances coupables. Une assesseure lui demande si, dans son esprit, ils sont victimes. « Il faut leur demander », répond le prévenu avec un petit sourire en coin. Il se montre agacé lorsque Jean Sannier, avocat des parties civiles, s’étonne du carnet qui a été retrouvé chez lui, rempli de dizaines de noms de mineurs, avec adresses et dates de naissance, « pour ne pas oublier leurs anniversaires ». « Il n’y a rien d’anormal à ça. Je suis très administratif », rétorque Laurent Moussière, refusant catégoriquement d’être classé dans la catégorie des pédophiles. Il reconnaît d’un ton léger des cadeaux « sans intention », des discussions et des jeux réciproques, qui ont fini en « plans cam ».
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