Du Bronx au Château: un pionnier du graffiti en résidence à Marseille

Source AFP

Du Bronx au Château: un pionnier du graffiti en résidence à Marseille
Du Bronx au Château: un pionnier du graffiti en résidence à Marseille © AFP

Temps de lecture : 3 min

Un impressionnant masque de protection sur le visage, les mains gantées, Kool Koor colore avec dextérité à la bombe de peinture bleue des pans d'une toile encore inachevée: en résidence artistique à Marseille, ce pionnier du graffiti new-yorkais y prépare une exposition.

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L'artiste déploie sa haute stature et ses longues dreadlocks dans l'atelier situé dans le parc arboré du Château de Forbin, une élégante bâtisse marseillaise dont la première pierre fut posée au XVe siècle et qu'un couple de collectionneurs et passionnés a transformée en lieu d'exposition des légendes du "graff" de "Big Apple".

"En étant en résidence ici, on peut se replonger dans l'énergie de l'époque, même si ce n'est pas la même chose quand même. Mais ça permet un retour dans cette direction pour moi", explique en français à l'AFP Richard Hargrove, alias Kool Koor, né en 1963 dans le South Bronx à New York et installé depuis une trentaine d'années à Bruxelles.

"Kool Koor était présent au moment de la création de certaines oeuvres qui sont exposées ici", admire Caroline Pozzo di Borgo, co-fondatrice du lieu et infatigable défenseure du graffiti des années 1980.

Premier invité accueilli en résidence au Château de Forbin --la crise sanitaire ayant empêché un premier artiste de venir plus tôt--, Kool Koor y travaille à la création de 16 toiles et "8-10 dessins", qui seront exposés dans la foulée en juin, au même endroit.

C'est loin d'être une première pour ce fana de science, qui s'amuse de pouvoir "comater devant la télévision devant un documentaire sur l'astrophysique" et qui peint notamment villes futuristes, robots, vaisseaux spatiaux et tours stylisées, un hommage à son nom d'artiste, Koor venant de "rook", le mot qui désigne la tour aux échecs en anglais.

"Une époque très +galactique+"

"Ca a commencé quand j'avais 12 ans, c'était le printemps ou l'été", se souvient celui qui est aujourd'hui exposé dans des galeries ou des musées du monde entier, jusqu'au "Met" de New York.

"En regardant par la fenêtre, j'ai vu un graffiti sur un mur, et une fille écrire sur le mur à côté, mais je savais que ce n'était pas elle le graffeur. Je lui ai crié que j'allais le dire à sa mère ? Mais je me suis dit que si elle pouvait le faire, moi aussi je pouvais", sourit-il.

Très vite, il se lance à son tour dans le tag --"d'abord sur les murs de mon immeuble, dans les étages"--, puis réalise des oeuvres plus élaborées. A New York, le mouvement bouillonne alors, et très vite, l'adolescent tente sa chance et est exposé dès 1980 avec d'autres à la galerie Fashion Moda, dans le Bronx.

Il côtoie Keith Haring, Jean-Michel Basquiat, va en cours à la High School of Art and Design de New York, où il rencontre des graffeurs de toute la ville.

Très vite aussi, Kool Koor expose à l'étranger, son oeuvre évolue, devient parfois plus abstraite, se couvre de labyrinthes ou de hiéroglyphes. Il travaille aussi parfois au pinceau.

"J'aime la multiplication des plans sur mes oeuvres, j'aime bien que les gens qui regardent les toiles voient des choses différentes à chaque fois ou en fonction de la lumière", souligne-t-il aujourd'hui.

Mais au Château de Forbin, il est revenu à ses premières amours: "Pour l'exposition, je suis parti sur des oeuvres très ciblées, l'exposition s'appellera +Rooks and Robots+, il y aura des robots, et des tours !", s'amuse-t-il, comme un hommage à ces années 1980 et 1990 exposées au Château --"une époque très +galactique+ pour moi", se remémore Kool Koor.

Accessible sur réservation, le Château de Forbin doit rouvrir ses portes aux visiteurs à compter du 19 mai.

06/05/2021 08:53:38 -          Marseille (AFP) -          © 2021 AFP