Restauration

Qu'est-ce que le «loto du patrimoine», qui démarre ce lundi ?

Le projet, piloté par Stéphane Bern en partenariat avec la Française des jeux, a notamment pour but de financer la rénovation de monuments. On vous explique comment ça marche.
par LIBERATION, avec AFP
publié le 3 septembre 2018 à 15h44

Rien ne va plus pour le patrimoine ? À partir de ce lundi 3 septembre, faites vos jeux pour le sauver ! La semaine de rentrée marque le lancement du premier «loto du patrimoine», une initiative menée par l’animateur Stéphane Bern, chargé de la mission «Patrimoine en péril» par Emmanuel Macron. Comment fonctionne l’opération ? Combien devrait-elle rapporter ? Quels monuments en profiteront ? On vous explique tout en détail.

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Pourquoi un «loto du patrimoine» ?

L'initiative, annoncée fin 2017 par la ministre de la Culture Françoise Nyssen et défendue depuis longtemps par certains élus, a été détaillée fin mai par Emmanuel Macron et Stéphane Bern. Elle est censée répondre aux inquiétudes concernant une partie du paysage patrimonial français, considérée comme étant en péril ou en besoin urgent de rénovation. Une situation inacceptable pour Stéphane Bern, qui est monté au créneau ce week-end. L'animateur télé a menacé de quitter sa mission sur le patrimoine d'ici la fin de l'année s'il estimait finalement n'être qu'un «cache-misère» ou un «pantin», tout en pointant du doigt des moyens financiers jugés frustrants. Dans un entretien aux journaux du groupe Ebra, Stéphane Bern évoque «du bon et du moins bon», en insistant surtout sur ses frustrations à propos de la répartition du budget alloué à la rénovation. «J'entends qu'on est prêt à mobiliser 450 millions d'euros pour rénover le Grand Palais à Paris. Et pendant ce temps, on me laisse me décarcasser pour trouver 20 millions d'euros pour le patrimoine vernaculaire des petits villages», se désole l'animateur.

Dans ce contexte, l'objectif est avant tout de susciter une grande mobilisation populaire autour d'une loterie et d'un jeu de grattage, afin de financer la rénovation de monuments. «On saura si le loto du patrimoine est un succès. Ce que je voudrais, c'est que les Français me donnent raison. Y compris contre le gouvernement et certaines personnes dans les ministères», souhaite Stéphane Bern, qui présentera également à partir de lundi l'Emission patrimoine, un programme court diffusé sur France 2 à 20h35.

À combien s’élèvent les gains estimés ?

La Française des jeux (FDJ) attend de cette opération, soutenue par une campagne de publicité télé, radio et internet, des gains «exceptionnels», de 15 à 20 millions d'euros, qui seront affectés à un fonds spécifique. Dès lundi, 12 millions de jeux à gratter labellisés «Mission patrimoine» et estampillés des sites du Mont-Saint-Michel ou du château de Bussy-Rabutin sont mis en vente chez les buralistes au prix de 15 euros pièce. Un montant inédit pour ce type de jeu. Pour un gain minimal lui aussi historique : 15 euros, soit le prix initial.

Le ticket, au format XXL (15,2 X 20,3 cm), se décompose en trois petits jeux à gratter classiques où il faut trouver des symboles identiques, permettant de remporter le gain affiché sur lesdits symboles. Les tickets seront proposés pendant quatre à six mois dans les 30 800 points de vente de la FDJ, en ligne et dans quelques lieux emblématiques lors des Journées du patrimoine. Les joueurs auront une chance sur trois de gagner au minimum 15 euros. Par ailleurs, un tirage spécial du super loto «Mission patrimoine» aura lieu le 14 septembre, veille du week-end des Journées du patrimoine. Il sera doté d'un jackpot de 13 millions d'euros, équivalent à celui d'un tirage exceptionnel du vendredi 13. Les grilles, dont la validation commence également ce lundi, coûtent 3 euros. Selon Emmanuel Macron, ce tirage spécial devrait être répété chaque année.

Dans le détail, en achetant une de ces grilles de loto, 25% de la mise iront au financement du patrimoine français (0,75€), et 10% pour le jeu de grattage (1,52€), précise la FDJ dans un communiqué. «Ces 15 millions d'euros sont une goutte d'eau», avait souligné Stéphane Bern lors de la présentation de l'opération, alors que 5% des monuments classés en France, soit environ 2 000 chefs-d'œuvre, sont considérés en état de péril. Mais «ils donnent le sentiment aux Français que le patrimoine appartient à chacun d'entre eux» et cela «va leur donner envie de se mobiliser».

Quels monuments en bénéficieront ?

Au total, 269 sites ont été sélectionnés par le présentateur de Secrets d'histoire, dont 18 monuments en péril «emblématiques» qui seront aidés en priorité grâce aux futures recettes de ce loto. Soit un par région métropolitaine et cinq pour l'outre-mer, représentant les différentes facettes du patrimoine (religieux, industriel…). Parmi eux, des maisons d'écrivains et de poètes, comme celle de Pierre Loti à Rochefort (Charente-Maritime), dont les portes restent closes depuis cinq ans dans l'attente d'un très onéreux chantier de rénovation, la villa Viardot à Bougival (Yvelines), rachetée en 1874 par l'écrivain russe Ivan Tourgueniev, ou encore la maison d'Aimé Césaire à Fort-de-France (Martinique). Mais aussi d'autres travaux qui concerneront des ponts (aqueduc du Gier, pont d'Ondres…), des châteaux (Bussy-Rabutin…), des moulins, des fontaines, et même l'ancien fort militaire de Fort-Cigogne dans l'archipel des Glénan (Finistère).

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