Le portrait

Pascal Bruckner, non coupable

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L’essayiste, qui réprouve la culpabilisation du mâle blanc occidental, appelle à lutter contre «l’islamo-fascisme» après Conflans.
par Virginie Bloch-Lainé, photo Martin Colombet pour Libération
publié le 20 octobre 2020 à 17h21
(mis à jour le 20 octobre 2020 à 17h21)

Des deux, il est celui qui toujours chérira la modernité. Bien qu'ils ne soient plus collés l'un à l'autre, Pascal Bruckner reste associé à Alain Finkielkraut, son «frère d'encre». Ensemble ils ont écrit deux livres, dont le Nouveau Désordre amoureux. «Mais contrairement à Alain, j'aime la technologie, j'aime voyager, et je suis optimiste.» Bruckner semble également serein, son visage affiche l'impassibilité d'un bonze : «Je suis très angoissé. Mais jamais déprimé.» Les deux hommes sont devenus amis à 17 ans, en hypokhâgne à Henri-IV. Leurs idées et leur allure les rapprochaient : affinités avec l'anarchie libertaire de Mai 68, cheveux longs, forte sensibilité littéraire et quelque chose de féminin dans le visage. «N'oublie jamais que tu es juif», disait sa mère à Finkielkraut. Bruckner, lui, ne l'est pas, mais son nom d'origine allemande lui vaut de se faire régulièrement traiter de «sale juif» ou de «sale sioniste». «Récemment, un homme m'a demandé dans la rue : "Combien ils te payent, les juifs ?" J'ai répondu : "Très peu, vous savez, malgré ce qu'on leur prête." Il vaut mieux réagir par l'humour.» Il est le fils unique d'une mère catholique et d'un père protestant, physiquement et verbalement violent avec sa femme, avec son fils, et obsessionnellement antisémite. Deux ans après sa mort, Bruckner dressait le portrait de cet ingénieur des Mines dans Un bon fils. Comme Finkielkraut, B

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