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Renoncer à sa voiture de société : le "budget mobilité" pourrait bien remplacer astucieusement le leasing classique

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Par Kevin Dero, sur base d'une séquence de Cédric Loriaux et Sophie Brems

Il y a quatre ans, le gouvernement fédéral lançait ce qu’on appelle le budget mobilité, un système de rémunération destiné à remplacer la voiture de société, ou en tout cas à tenter de convaincre les salariés qui y ont droit de choisir une alternative à la voiture. Quatre ans plus tard, on ne peut pas dire que ce soit un franc succès. Le travailleur belge semble quand même toujours autant attaché à sa voiture de société qu’auparavant.

Retard à l’allumage

Le bureau de service en ressources humaines Acerta vient de récolter les données de 40.000 entreprises belges, ce qui rassemble environ 260.000 travailleurs. Pour l’instant, en quatre ans, seulement 1,6% des salariés qui ont droit à une voiture de société a opté pour ce budget mobilité. Si on décortique un peu, on s’aperçoit que ce sont surtout les jeunes et les personnes qui commencent dans un nouvel emploi ou une nouvelle fonction qui choisissent cette option. Ceux qui sont déjà bien installés dans le système et qui pourraient échanger leur voiture de société en fin de leasing, par exemple, sont beaucoup plus rares.

"Les trois piliers", késako ?

Revenons sur ce "budget mobilité". En quoi consiste-t-il exactement ?

Il s’agit donc d’échanger sa voiture de société pour une somme qui correspond à ce que coûte une voiture de société sur un mois, avec taxes, assurances, etc. On arrive en moyenne à 700 ou 800 € par mois. Il y a plusieurs possibilités pour arriver à cette somme. Ce sont les trois piliers (" pilier " étant le terme utilisé dans cette mesure).

Le plus classique, c’est un échange contre un véhicule électrique ou une voiture plus écologique et qui coûte moins cher. Avec donc le droit de recevoir une somme en cash en plus pour ce même budget. Deuxième option : les moyens de transport durable. Comme l’explique Amandine Boseret, juriste chez Acerta : "Tout le monde pense au vélo électrique, mais ce n’est pas que ça. C’est aussi le fait que l’employeur peut intervenir dans l’emprunt ou même dans le loyer de son travailleur qui habite à moins de 10 kilomètres de son travail. Ça ne concerne pas que ces travailleurs-là. Ce sont aussi les travailleurs qui font du télétravail pour plus de 60% ". L’employeur peut donc proposer une intervention 'pour tout le budget, 700 ou 800 € par mois, cash, dans votre emprunt ou dans ton loyer'". Selon la juriste, très peu de travailleurs connaissent cette mesure.

Le troisième "pilier", lui, consiste à simplement recevoir du cash. A noter qu’il est cependant nettement moins intéressant fiscalement.

Parmi ceux qui ont opté pour le "budget mobilité", c’est le deuxième pilier qui a le plus de succès. C’est-à-dire vélo ou trottinette électrique, par exemple, couplé à une intervention dans le loyer ou le prêt du logement.

Reportage sur le leasing (23 février) dans notre 13h :

"Verdurisation"

On l’a dit, ce n’est pas la ruée pour l’instant sur ce budget mobilité. C’est sans doute dû à un manque d’informations, tant chez les employeurs que chez les employés d’ailleurs. Et pour l’instant, ce sont surtout les nouveaux travailleurs qui en bénéficient. Mais les évolutions à venir vont sans doute changer la donne, comme l’analyse Amandine Boseret : "Pour la voiture de société, il y a aussi des changements qui arrivent. On arrive aussi à une électrification du parc de société. Donc, finalement, même ceux qui jusqu’ici étaient assez réticents à la voiture électrique et qui ont une voiture de société, ils vont bien devoir y passer. Quelque part, il y a quand même des choses qui vont évoluer. Et je pense qu’on ne doit pas seulement se concentrer sur les nouveaux travailleurs, c’est quand même intéressant aussi de se diriger vers les travailleurs actuels qui ont une voiture de société".

Un avenir radieux ?

Le système pourrait donc gagner en popularité au fil du temps. Le gouvernement, lui, s’il n’a pas fixé de limites dans le temps à cette mesure, en a fixé une sur le budget alloué. Minimum 3000 € par mois (par année civile) et ne pas dépasser un cinquième du salaire brut (avec un maximum absolu de 16.000 euros par année civile).

Le gouvernement fédéral croit à sa mesure et la soutient. Il a même assoupli les conditions dernièrement, notamment pour les personnes qui habitent à moins de 10 kilomètres de leur lieu de travail ou qui font 60% de télétravail. Et il y a un signe qui ne trompe pas : les sociétés de leasing s’y préparent et s’attendent même à ce que ce budget mobilité supplante en grande partie le leasing classique dans les années à venir.

Toutes les infos sur la page internet du gouvernement sont à retrouver ici.

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