Hypnose, hypnothérapie : c'est quoi ? Pour qui ?

Publié par Claire Thibault  |  Mis à jour le par Mathilde PujolExpert : Dr Jean-Marc Benhaiem, président de l’Association française pour l’étude de l’hypnose médicale.

L’hypnose désigne un état modifié de conscience proche du sommeil. Longtemps décriée, elle est aujourd’hui recommandée pour de nombreuses applications thérapeutiques, notamment pour son action analgésique. Quels sont les bienfaits de l'hypnose sur la santé physique et mentale ? Comment se déroule une consultation ? Quel est le prix ? Existe-t-il des contre-indications ? Réponses. 

Pratiquée par un professionnel de santé, l'hypnothérapie (forme de thérapie brève où le praticien utilise l’hypnose) permet de soulager ou de résoudre de nombreux troubles : douleur, addiction, phobie, dépression, digestion, sommeil. Certains de ses bienfaits sont officiellement reconnus, tandis que d'autres restent à prouver. 

Définition : qu'est-ce que l'hypnose ?

Dérivé du grec “hypnos”, signifiant sommeil, l’hypnose désigne à la fois un état modifié de conscience et les pratiques destinées à le créer. Cet état, proche du sommeil ou de la méditation, permet à l’individu d’approcher son inconscient tout en restant conscient du monde qui l’entoure.

L’hypnose semble avoir toujours fait partie de l’arsenal des guérisseurs et des chamans. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle qu’elle attire l’attention d’un médecin, le Dr Mesmer. Celui-ci est convaincu qu’il existe un pouvoir de magnétisme animal. Selon lui, certaines personnes disposeraient d’un fluide permettant d’influencer d’autres personnes pour les guérir. Cette idée lui attire les foudres de l’Académie des sciences et de la Société royale de médecine en 1784. La méthode, ancêtre de l’hypnose, est traitée de charlatanisme.

Il faudra attendre le siècle suivant et les recherches du médecin britannique James Braid. Celui-ci rejette l’idée d’un fluide, mais pense que certains procédés (comme la parole et la suggestion) permettent de provoquer des modifications fonctionnelles du cerveau. Ces modifications auraient des vertus curatives sur les patients qui en font l’expérience.

En 1955, la British Medical Society reconnaît l’usage de l’hypnose comme procédé médical. En France, l’hypnose a été reconnue en 1992 par l’Inserm après une conférence sur ses mécanismes et ses effets par le Dr Bongartz. Ce n’est qu’en 2001 que la première formation universitaire consacrée à l’hypnose ouvre ses portes sous l’impulsion du Dr Jean-Marc Benhaiem à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris).

À quoi sert l'hypnose ? Quel est le principe ?

L’hypnose est un mode de fonctionnement de notre cerveau, provoqué par différents moyens. Lorsqu’un patient entre en état d’hypnose, son esprit fait abstraction de tout ce qui l’entoure. L’hypnose provoque chez lui une hyperréactivité et une hypersensibilité à la parole de l’hypnotiseur.

Ainsi, le patient perçoit les choses plus largement, dans leur ensemble et avec un certain recul. Une fois sa sensorialité augmentée, le patient peut se confronter plus facilement à ses problèmes et les résoudre, calmer une peur ou modifier un comportement qui ne convient plus à sa vie.

On a souvent comparé cet état d’hypnose à une personne tellement absorbée par ce qu’elle est en train de faire (lire, regarder un film) qu’elle n’entend pas ce qui se passe autour d’elle. Parfois, ce sont nos yeux qui nous plongent dans cet état de veille. Trop sollicités, ils ne se donnent plus la peine de faire la mise au point… on rêve éveillé.

Cet état de lâcher-prise laisserait entrevoir des possibilités d’action sur l’esprit, le traitement de l’information, les réactions émotionnelles et le corps. L’intérêt de ce travail psychologique tient au fait qu’il est réalisé à un niveau inconscient. Les activités conscientes sont mises en sommeil.

L'efficacité de l'hypnose est souvent remise en question : tout le monde est-il réellement réceptif à l'hypnose ?

En vidéo : L'autohypnose est-elle accessible à tous ?

Voici une vidéo sur la pratique de l'autohypnose

Pourquoi consulter un hypnothérapeute ? Quel est son rôle ?

En 2015, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a évalué l'efficacité de l'hypnose, en analysant toutes les études médicales disponibles sur le sujet. Son intérêt thérapeutique est confirmé pour :

Outre le stress ou l'anxiété, d'autres bienfaits qui restent encore à prouver

L’intérêt de l'hypnose dans l'arrêt du tabac pas encore reconnu par l’Organisation mondiale de la santé, une position que confirme l'Inserm. Cela reste aussi à prouver pour :

Une étude a également montré les effets positifs de l'hypnose sur la perte de poids chez des individus obèses. 

Comment se pratique l'hypnose ?

L’hypnose se pratique généralement en séance individuelle chez un hypnothérapeute. Depuis quelques années, on assiste aussi au développement de l'hypnose en ligne, via Skype ou des fichiers MP3.

Pour certaines addictions (tabagisme) ou en cas de troubles alimentaires, il est possible de faire des hypnoses de groupe. Les résultats sont meilleurs et l’accès aux soins est facilité par la possibilité de rejoindre un groupe de thérapie en urgence.

Le praticien en hypnose dispose d’un arsenal de propositions pour aider le patient à se focaliser :

  • arsenal visuel : demander au patient de visualiser des images apaisantes ou lui en montrer ;
  • arsenal auditif : un son, le plus souvent la voix du thérapeute, fait office de fil conducteur ;
  • arsenal tactile : un contact tactile est maintenu entre le patient et le thérapeute.

Ces différentes techniques s’adaptent à la personnalité du patient pour lui permettre d’entrer le plus facilement possible en état d’hypnose. La focalisation prolongée induit l’hypnose.

Hypnose classique ou hypnose éricksonienne

Il existe deux grands types d’hypnose :

  • L’hypnose traditionnelle ou classique : c’est la première forme d’hypnose connue. Elle repose principalement sur des suggestions directes du thérapeute. Elles seront les mêmes pour tous les patients atteints de la même pathologie.
  • L’hypnose moderne éricksonienne : du nom de son fondateur Milton Erickson (1901-1980), cette hypnose est la plus pratiquée en psychothérapie et en médecine. La personne hypnotisée est dirigée vers un état de conscience modifié grâce à sa propre participation. Certains spécialistes préfèrent d’ailleurs employer le terme d’autohypnose. Grâce à plusieurs techniques de communication, le thérapeute permet au patient de relier son conscient avec son inconscient dans le but d’opérer un changement. Le thérapeute dialogue avec son patient en lui proposant des solutions sous forme de métaphores, d’activation de rêves ou de souvenirs, de suggestions indirectes, pour régler son problème. Une fois réveillé, le patient choisira inconsciemment une des solutions proposées, celle qui lui aura semblé la meilleure pour lui : c’est de l’autosuggestion.

Existe-t-il des contre-indications à l’hypnose ?

L’hypnoseest déconseillée aux personnes atteintes de troubles psychotiques graves : schizophrénie, paranoïa, maniaco-dépression.

L’hypnose n’est en aucun cas douloureuse ou dangereuse. Rester bloqué dans un état hypnotique ou encore agir contre sa volonté sur les ordres du thérapeute sont des mythes.

Comme l'ont souligné les auteurs du rapport de l'Inserm évaluant l'efficacité de l'hypnose, l'avantage de cette technique est "qu’aucun effet indésirable grave ne lui paraît attribuable. On ne peut pour autant exclure l’existence de tels évènements indésirables mais s’ils existent, leur incidence est relativement faible.

Il faut cependant rester sur ses gardes car certaines sectes utilisent l’hypnose comme solution à tout problème. Il est donc préférable de se référer à des spécialistes reconnus par la profession médicale.

Comment se déroule une séance d'hypnothérapie ?

Lors de la première séance, l’hypnothérapeute commence par interroger le patient sur son motif de consultation et son état clinique. Puis il l’invite à s’installer le plus confortablement possible, assis ou allongé. Il lui demande de fermer les yeux ou de fixer un point. Le patient doit se concentrer sur la voix du thérapeute, véritable fil conducteur lors de la séance. Peu à peu, cette voix amène à la détente par l’évocation de pensées apaisantes ou par le jeu de la respiration. Le patient entre alors dans la phase de “préinduction” : il est somnolent mais pas encore hypnotisé.

Il faut attendre la phase d’induction pour qu’il se laisse totalement guidé par la voix du thérapeute. À cette étape, le praticien lui suggère de façon plus ou moins directe des sensations ou des images mentales afin de mobiliser ses ressources.

La légende colportée notamment par l’hypnose de spectacle veut que l’hypnothérapeute ait une emprise sur son patient afin de lui faire ce qu’il veut. En réalité, le patient est toujours conscient de ce qui se passe et ne perd pas le souvenir de la séance. La consultation se termine par un compte à rebours visant à faciliter le retour du patient à son état habituel.

Le pendule, objet symbolique de l'hypnose, est-il toujours utilisé aujourd'hui ? À quoi sert-il vraiment ? Réponses en vidéo.

Comment choisir son hypnothérapeute ?

La formation en hypnothérapie est accessible uniquement aux personnels de santé disposant d’un diplôme d’Etat : psychologues, psychothérapeutes, médecins généralistes, médecins spécialistes, chirurgiens-dentistes, infirmiers, sages-femmes, kinésithérapeutes et puéricultrices. Le professionnel médical ou paramédical doit être inscrit à son ordre professionnel, le professionnel psychologue sur une liste départementale (numéro ADELI auprès des ARS, agences régionales de santé).

Choisir un.e spécialiste passé.e par un DU ou une formation privée

En tant que patient, il est préférable de choisir une personne formée aux techniques d’hypnose. En France, il existe plusieurs diplômes universitaires (reconnus par l’Ordre des médecins) et plusieurs formations privées de bonne qualité, dont celle de l’Association française pour l’étude de l’hypnose médicale (AFEHM).

Différents annuaires à disposition

Quel est le prix d'une séance d'hypnose ? Quelle durée ?

Une séance d’hypnothérapie dure de 30 à 60 minutes et coûte de 45 à 85 € selon les spécialistes et leur localisation. N’hésitez pas à demander les prix pratiqués avant de vous engager dans une hypnothérapie. Si le praticien est un médecin, les séances sont remboursées en partie par la Sécurité sociale et complétées par la mutuelle comme pour une consultation classique.

Livres sur l’hypnose

  • Traité pratique de l’hypnose : la suggestion indirecte en hypnose clinique, Milton H. Erickson, Ernest L. Rossi, Sheila I. Rossi, éd. Jacques Grancher : un ouvrage qui rassemble les écrits du fondateur de l’hypnose éricksonienne et ses travaux en hypnose médicale ;
  • L’hypnose qui soigne, Dr Jean Marc Benhaiem, éd. J. Lyon : un ouvrage pour tous ceux qui veulent s’informer sur l’hypnose médicale, qu’ils soient professionnels ou patients ;
  • Découvrir l’hypnose, Antoine Bioy, éd. Interédition : un livre pour découvrir l’hypnose moderne et ses applications.

Sites internet consacrés à l’hypnose

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